Parlons peu mais parlons bien. Voici là un incontournable pionnier du whisky français.
Michel Couvreur est né en Belgique à Uccle en 1928. Passionné de vin, il s’installe entre Londres, la Belgique et la Bourgogne en tant que producteur-négociant, métier qu’il exerce de 1952 à 1978. Grâce aux marchés londonien et canadien, il se procure un beau portefeuille !!
Il achète des caves à Bouze Lès Beaune en 1956 puis s’établit en Ecosse en 1964 où il étudie la distillation du whisky après avoir rencontré le propriétaire de Glenlivet. Dès 1976, le whisky devient sa passion et son terrain de jeu. Il achète des single malts écossais et des fûts de xérès. Puis le fait vieillir dans sa cave de Bouze Lès Beaune. L’époque n’est pas facile pour les singles malts mais cela n’empêche pas notre homme de se tailler une jolie réputation. Il faut dire que son franc-parler fait autant parler de lui que ses whiskies.
A l’époque où sont lancés les Classic Malts (Lagavulin, Oban, Talisker,…) la notion de terroir n’a aucun sens pour lui : « D’ailleurs, le mot n’existe pas en anglais », aimait-il provoquer. « 90 % de la qualité d’un whisky provient du fût et seulement 10 % du reste » et voit l’utilisation de fûts de bourbon, popularisée depuis les années 70 à la place de fûts de xérès, plus rares et plus coûteux, comme une « grande tragédie ».
La démarche est donc bien originale. Michel Couvreur propose d’utiliser le whisky comme distillat de base, et de le faire vieillir non pas dans des fûts de chêne déjà utilisés pour faire vieillir du bourbon (9 whiskies sur 10 en Ecosse), mais dans des fûts utilisés pour faire vieillir du Jerez. Il arrive avec beaucoup d’attention et de patience à obtenir un spirit d’excellence, se rapprochant de certain cognac et d’armagnac.
Il nous apporte la preuve que les meilleurs fûts pour élever du whisky sont sans doute ceux de Jerez, cousin du vin jaune, dont le goût si typé se fond admirablement avec celui de l’orge.
D’ailleurs, il fait aussi quelques essais de vieillissement dans des fûts ayant contenu du vin jaune. Pour avoir dégusté cette innovation, je peux vous garantir que c’est déjà une réussite : finesse, rondeur avec un grand équilibre des saveurs.
Dans ces fûts de vin jaune vieilli patiemment le whisky, en permanent échange avec le bois des fûts intensément marqué par le savagnin. Il faudra attendre 5 ans pour que ce whisky soit mis en bouteille. Un vieillissement trop long donnerait un des parfums trop prononcés de savagnin, et le juste équilibre serait perdu. Tout l’art du maître de chais.
Nous sommes avons été accueillis par Jean-Arnaud, il parle avec passion de ses assemblages, mais aime aussi ne pas trop en parler et laisser les heureux visiteurs déguster et commenter eux mêmes ces breuvages.
Michel Couvreur a dévoilé peu à peu ses secret à Jean Arnaud afin qu’il puisse continuer son travaille. Bien que virtuose de l’assemblage et du vieillissement, le whisky de Michel, n’est malheureusement pas un élixir de jeunesse, Monsieur Couvreur doit songer à assurer sa relève.
Michel Couvreur est malheureusement décédé le 17 aout 2013 à l’âge de 85 ans.